En 1964, voyaient le jour au Canada la première organisation positive à l’égard des gais, Association for Social Knowledge (ASK), et les premières publications spécialisées que furent ASK Newsletter (Vancouver), Gay (Gay Publishing Company, Toronto) et TWO : The Homosexual Viewpoint in Canada (publié par Rick Kerr, de Toronto).
Les années qui ont suivi l’adoption de la loi décriminalisant partiellement l’homosexualité (Loi de 1968-1969 modifiant le droit pénal) ont été intenses et tendues. La communauté LGBTQ2+ s’organise, manifeste et revendique une société plus libre et égalitaire. Plusieurs organisations naissent partout au pays et les démonstrations occupent la place publique.
Les premières organisations à voir le jour au début des années 1970 sont :
28 août 1971 – Dépôt du mémoire « We demand » : première manifestation nationale : une douzaine de groupes homosexuels, dont le FLH de Montréal, se rassemblent sur la Colline du Parlement à Ottawa, pour revendiquer des modifications aux lois et politiques afin de mettre un terme à la discrimination envers les gais et les lesbiennes.
1972 – Les premières festivités de la fierté, ou marches de solidarité, commanditées par la Toronto Gay Action.
1973 – Début des célébrations nationales de la semaine de la fierté. Dans différentes villes dont Vancouver, Toronto, Ottawa, Montréal, Saskatoon et Winnipeg.
1979 – Les premières marches de la fierté ont lieu à Montréal et Vancouver.
L’évolution des mentalités n’aurait pas été la même sans les manifestations publiques de la réalité LGBTQ2+ et les sorties du placard de personnalités du monde politique, de la musique, du cinéma et de la télévision ou des sports qui se sont ouvertes sur leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. Ces personnalités apportent de la visibilité aux minorités sexuelles et de genre et contribuent à faire tomber certains préjugés. Aujourd’hui les différents visages de la diversité sexuelle et de genre sont de plus en plus présents sur la scène publique et offrent des modèles positifs aux jeunes et à la société.
Parmi les personnalités qui se sont ouvertes publiquement :
1er membre du Parlement canadien à se déclarer publiquement homosexuel – Élu en 1979 – Il a été membre du parlement jusqu’en 2004 – Il a fait son coming out en 1988. Il a déposé plusieurs projets de loi sur la question du mariage de personnes du même sexe.
1re lesbienne membre du Parlement canadien ouvertement lesbienne – Élue en 1997 – Membre du parlement jusqu’en 2015 – A fait son coming out en 2001.
1re personne ouvertement homosexuelle à être élue au conseil municipal de la Ville de Toronto (1991). Il a été conseiller municipal jusqu’en 2010.
1er maire ouvertement homosexuel d’une grande ville en Amérique du Nord (Winnipeg, Manitoba). Il a été élu en 1998.
1er membre du cabinet ouvertement homosexuel (2004).
1re personne ouvertement homosexuelle à être élue à un poste de première ministre au Canada (Gouvernement provincial de l’Ontario – 2013 à 2018)
1er athlète homosexuel à gagner une médaille d’or aux Jeux olympiques d’hiver (Corée du Sud 2018 avec sa partenaire Meagan Duhamel). Ce patineur artistique de l’Ontario s’était dévoilé ouvertement homosexuel en 2014 lors des Jeux de Sotchi.
1re actrice trans au Canada nommée aux prix Écrans canadiens (2017 – catégorie « Interprétation féminine dans un rôle de soutien » pour sa performance dans le film Ceux qui font les révolutions à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau).
1re mairesse ouvertement transsexuelle élue au Canada (village de Très-Saint-Rédempteur au Québec, 2017).
1re femme ouvertement transgenre à jouer dans le hockey professionnel (avec les Furies de Toronto, de la Ligue canadienne de hockey féminin). A fait son annonce, sa révélation, en janvier 2018.
Au cinéma comme à la télévision, dans la littérature et les médias, dans le milieu sportif, des affaires, du tourisme, des sciences, etc., les personnes et les réalités LGBTQ2+ ont rapidement pris de l’importance au cours du dernier demi-siècle. Ces personnes sont artistes, auteurs, dramaturges, comédiens, humoristes, réalisateurs, annonceurs, journalistes, gens d’affaires, scientifiques, sportifs, etc.
De nombreux films présentent des thématiques LGBTQ2+ et des personnages de la diversité sexuelle. Plusieurs villes au Canada ont leur festival de films LGBTQ2+. Le premier du genre au Canada a été Le Festival international de cinéma LGBT de Montréal 1987.
Winter kept us warm (David Secter 1965), Fortune and men’s eyes (Harvey Hart 1971) Narcissus (Norman McLaren 1983), La femme de l’hôtel (Léa Pool 1984), No Skin off my ass (Bruce LaBruce 1991), le documentaire Amours interdites : au-delà des préjugés, vies et paroles de lesbiennes (Aerlyn Weissman et Lynne Fernie 1992), Fire (Deepa Mehta 1996), C.R.A.Z.Y. (Jean-Marc Vallée 2005), J’ai tué ma mère (Xavier Dolan 2009) et un documentaire musical, My Prairie Home (Chelsea McMullan 2013).
Coming out de Mathieu Blanchard a été la toute 1re série télévisée sur les enjeux LGBTQ2+. Le premier épisode a été diffusé en 1972 sur la chaîne communautaire Maclean-Hunter à Toronto.
Au théâtre, « Fortune and men’s eyes » de l’auteur John Herbert (1967), qui porte sur le traitement des personnes homosexuelles et les conditions de vie dans les prisons, est une œuvre (devenue cinématographique en 1971) qui a fait valoir l’existence et les droits des homosexuels. Les pièces Hosanna et La duchesse de Langeais de Michel Tremblay, très populaires au début des années 1970, ont été parmi les premières à introduire des personnages travestis dans le théâtre canadien.
Parmi les premières publications LGBTQ2+ au Canada, on retrouve : la revue mensuelle The Body Politic à Toronto, publiée de 1971 à 1987 (en anglais); Long time coming, revue lesbienne à Montréal, publiée de juin 1973 à 1976 (en anglais); Amazones d’hier, lesbiennes d’aujourd’hui, revue trimestrielle lesbienne radicale parue à partir de 1982. Aujourd’hui on retrouve dans toutes les régions au pays des journaux et une multitude de magazines touchant l’actualité, la santé, la culture, la société, l’érotisme, les styles de vie, la mode, etc.
Pour garder une trace de la vie des personnes et de l’histoire de la communauté LGBTQ2+, la Pink Triangle Press fonde en 1973 les Canadian Gay Liberation Movement Archives, renommées Canadian Lesbian and Gay Archives et, finalement, The ArQuives. Un recueil historique important de documents sur la communauté LGBTQ2+. Le Québec a son équivalent avec les Archives gaies du Québec, à compter de 1983.
Le drapeau arc-en-ciel a été créé en 1978 par le graphiste et militant Gilbert Baker de San Francisco, pour la Gay and Lesbian Freedom Day Parade de San Francisco se déroulant le 25 juin 1978. Aussi pour répondre aux besoins des communautés gaie et lesbienne; à l’époque, elles voulaient un symbole pour les identifier. Avec le temps, ce drapeau est devenu un symbole du mouvement d’affirmation et de fierté LGBTQ2+ aux quatre coins de la planète.
La version originale du drapeau arc-en-ciel créé par Baker comptait huit bandes horizontales de couleurs différentes mais, pour différentes raisons, il a dû le modifier. Le drapeau arc-en-ciel officiel compte six bandes horizontales. Selon la succession de Baker, décédé en 2017, les couleurs ont pour signification :
Tout comme l’acronyme LGBTQ2+ a évolué de manière à témoigner des nombreuses réalités de la diversité sexuelle et de genre, on a vu, avec le temps, de nouveaux drapeaux apparaître dans le paysage des parades de la fierté et ailleurs pour signaler ces différentes réalités.
Au début des années 1970, on commence à organiser des journées de festivités pour réunir les personnes LGBTQ2+. En 1973, la première semaine nationale de la fierté se déroule en août dans plusieurs villes du Canada.
Les marches de la fierté que l’on a perpétuées sont issues des premières marches de libération où les personnes LGBTQ2 manifestaient contre l’oppression, la persécution et la discrimination dont elles étaient victimes. Bien que ces marches servent encore d’instrument de revendication, elles sont surtout des occasions de visibilité et de festivités. Les marches des fiertés incluent aujourd’hui des programmes spéciaux pour les familles et les personnes trans.
La première marche de la libération a eu lieu aux États-Unis le 28 juin 1970 pour marquer le 1er anniversaire des émeutes de Stonewall à New York en juin 1969, pour manifester contre un raid de la police. Cet évènement est considéré comme le début de la lutte pour l’égalité des droits des personnes de la diversité sexuelle.
Il existe 122 organismes de fierté au Canada et 45 d’entre eux sont membres de Fierté Canada Pride (FCP). FCP est une association nationale à but non lucratif fondés en 2004 et regroupant les organismes de Fierté canadiens. Sa mission est de contribuer à la création d’organismes de Fierté canadiens dynamiques et solides en facilitant la collaboration entre organismes, en offrant son soutien, en établissant une identité nationale, en offrant des ressources et en prêtant une voix à ses membres. 7 187 bénévoles se mobilisent pour la réussite des festivités dans le pays.
Parmi ces 122 organismes de Fierté au Canada, les villes attirants le plus de personnes sont :
Montréal | 2 700 000 |
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Toronto | 1 600 000 |
Vancouver | 650 000 |
Ottawa | 125 000 |
Halifax | 125 000 |
Calgary | 65 000 |
Winnipeg | 50 000 |
Edmonton | 50 000 |
Québec | 30 000 |
Saskatoon | 15 000 |
En 2017, 6 500 000 canadiens ont assisté à des festivités de fierté. Parmi eux, 17,5% provenaient de l’extérieur de la ville ou du village. Ci-dessous le pourcentage de personnes extérieurs aux territoires des festivités selon la Pride :
Whistler | 95% |
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Montréal | 40% |
Toronto | 39% |
Ottawa | 30% |
Edmonton | 15% |
Calgary | 11% |
Vancouver | 9% |
Les organismes de la Fierté sont très présents sur les réseaux sociaux, ils sont suivis par environ 347 174 personnes sur Facebook. Parmi eux les villes les plus suivies sont :
Montréal | 80 680 |
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Toronto | 72 904 |
Vancouver | 11 509 |
Winnipeg | 10 952 |
Halifax | 10 297 |
Plusieurs journées, semaines ou mois ont été instaurés pour sensibiliser la société à la diversité sexuelle. Ces journées sont autant d’occasions d’apporter un éclairage sur une telle diversité et ses enjeux chez nous et dans le monde.