Le Canada est l’un des pays où les droits des minorités sexuelles et de genre sont le mieux protégés. La société canadienne est de plus en plus ouverte et sensible aux minorités sexuelles et de genre. Les gains réalisés au cours des 50 dernières années sur les plans juridique et social sont notables.

Il reste des questions en suspens sur le plan juridique et beaucoup à faire pour une plus grande acceptation sociale des minorités sexuelles. Entre autres, l’achèvement des environnements sans discrimination, l’adaptation des services aux besoins de la communauté LGBTQ2+ et le soutien à leur contribution sociale.

Pour en finir avec les phobies

Qu’est-ce au juste?

Homophobie

Attitudes négatives envers l’homosexualité, pouvant mener à la discrimination, directe ou indirecte, envers les gais, les lesbiennes, les bisexuel(le)s, ou à l’égard des personnes perçues comme telles. Il existe également des variantes de l’homophobie, comme la lesbophobie ou la biphobie, lorsque cette aversion a trait particulièrement aux lesbiennes ou aux personnes bisexuelles.

Transphobie

Attitudes négatives pouvant mener au rejet et à la discrimination, directe ou indirecte, envers des personnes trans, travesties, ou à l’égard de toute personne qui transgresse le genre ou les normes et représentations relatives au sexe et au genre.

Ces phobies sont encore trop présentes dans notre société et les attitudes négatives qu’elles suscitent se manifestent par des mots et des gestes qui font mal. La liste de ces manifestations est longue :

  • plaisanteries
  • commentaires désobligeants
  • allusions
  • propos hostiles
  • stéréotypes
  • préjugés
  • harcèlement
  • intimidation
  • rejet
  • insultes
  • menaces et agression physique

La situation demeure préoccupante, selon les résultats d’une étude intitulée « Réalités LGBT ». Cette étude dresse le portrait de la situation chez les lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres au Canada. Elle s’appuie sur un vaste sondage effectué entre janvier et juin 2017 auprès de 2 700 Canadiens, dont 800 hétérosexuels.

Réalités LGBT – Constatations tirées de l’étude commanditée par la Fondation Jasmin Roy et réalisée en 2017 par la firme de sondage CROP

Principales constatations

  • Un taux de 13 % de la population canadienne 18+ appartiendrait aux communautés LGBT.

  • Pas moins de 54 % des répondants LGBT n’ont pas fait leur sortie du placard auprès de leurs collègues de travail, et 45 % auprès de leurs camarades de classe à l’école, par crainte d’un rejet, ou peur que cela les empêche de progresser dans leur carrière, voire la peur de subir des moqueries et de l'intimidation.

  • Le processus de questionnement sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle semble commencer plus tôt dans la vie chez les jeunes générations et mener plus rapidement à une acceptation et à un dévoilement.

  • Un peu plus de la moitié des membres des minorités sexuelles estime que leur vie est ou sera plus difficile que celle des hétérosexuels. Chez les transsexuels, cette perception grimpe à plus de 80 %.

  • De plus, 40 % des répondants LGBT disent avoir été victimes de discrimination en raison de leur orientation sexuelle, dont 40 % en milieu de travail. C’est en Atlantique qu'on retrouve la plus forte proportion de répondants ayant vécu des expériences de discrimination.

  • Les personnes LGBT appartenant aux groupes ethnoculturels non caucasiens ont plus de difficultés en raison de leur orientation sexuelle/identité de genre. Elles sont plus nombreuses à se sentir moins acceptées par leur famille immédiate.

  • Par ailleurs, les répondants LGBT autochtones se distinguent par une tendance à mieux vivre avec leur orientation sexuelle/identité de genre que la moyenne de la communauté LGBT.

  • La majorité des répondants (78 %) estime que certains groupes LGBT entretiennent des stéréotypes à l'égard d'autres groupes LGBT.

  • Et 81 % des répondants LGBT disent avoir traversé des moments de désespoir. Chez les transsexuels, ce pourcentage grimpe à 98 %.

  • En plus, 58 % des sondés dans les groupes LGBT ont l’impression que les ressources disponibles pour du soutien et de l'aide sont insuffisantes.

Des environnements sans discrimination

Partout au pays, les différents gouvernements ainsi que de nombreuses organisations du milieu de l’éducation ou du monde du travail se dotent de politiques sur l’orientation et la diversité sexuelle et développent des outils pour promouvoir le respect et créer des environnements sans discrimination.

L’éducation est une arme puissante pour faire évoluer les mentalités et transcender les différences.
- Nelson Mandela

Entre décembre 2007 et juin 2009, Égale Canada a effectué une enquête qui a rejoint plus de 3 700 élèves du secondaire à l’échelle du Canada. À venir en 2020 : Égale Canada se prépare à faire une deuxième enquête nationale, pour évaluer et détecter la discrimination à laquelle font face les élèves du secondaire LGBTQI2S canadiens et déterminer à quel point les écoles secondaires canadiennes sont plus ou moins inclusives.

Le rapport publié en 2011 décrit la situation dans nombre d’écoles comme suit :

  • Les élèves LGBTQ sont exposés chaque jour à un langage qui insulte leur dignité, et les jeunes dont des membres de leur famille sont LGBTQ entendent constamment des commentaires qui dénigrent leurs proches.
  • Les élèves LGBTQ et ceux qui ont des parents LGBTQ subissent nettement plus de harcèlement verbal, physique, sexuel et d’autres formes de discrimination et de violence que les autres élèves.
  • La plupart des élèves LGBTQ et des enfants des parents LGBTQ ne se sentent pas en sécurité à l’école.
  • La situation est pire à tous les égards pour les élèves de sexe féminin appartenant à des minorités sexuelles et pour les jeunes qui ont des parents LGBTQ, et pire encore pour les élèves trans.
  • Nombre d’élèves, surtout ceux et celles de couleur, ne connaissent personne avec qui aborder les réalités LGBTQ.
  • Nombre d’écoles ont élaboré des programmes d’éducation aux droits de la personne qui prônent le respect et la dignité de toutes les identités protégées en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, à l’exception des personnes LGBTQ.
  • Des enseignants ferment souvent les yeux lorsqu’ils entendent des commentaires homophobes et transphobes. Certains vont jusqu’à émettre eux-mêmes ce genre de commentaires.

L’étude a permis de constater que dans les écoles où l’on a déployé des efforts pour mettre en œuvre des politiques ouvertes aux LGBTQ, créer une AGH ou certains programmes ouverts aux LGBTQ, le climat est nettement plus positif pour les élèves appartenant à des minorités sexuelles ou de genre. »

Pour consulter cette étude :

Source en français :
Chaque classe dans chaque école : rapport final d’Égale sur l’homophobie, la biphobie et la transphobie dans les écoles canadiennes
https://egale.ca/chaque-classe/

Source en anglais :
Every Class in Every School: Final report on the first national climate survey on homophobia, biphobia, and transphobia in Canadian schools
https://egale.ca/wp-content/uploads/2011/05/EgaleFinalReport-web.pdf

Dans les écoles, les initiatives se sont multipliées pour contrer l’intimidation dont sont victimes les jeunes, dont certaines relatives à l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Des gouvernements provinciaux ont même voté des lois obligeant les conseils scolaires à intervenir.

Toutefois ces programmes dans les écoles ont leurs critiques et font face à des opposants. On veut créer des environnements d’apprentissage accueillants, sécuritaires et inclusifs pour tous les élèves, mais tous ne s’entendent pas sur la façon de procéder.

Le programme AGH (Alliances LGBT-hétéro dans les écoles)
Guide des alliances gai-hétéro (AGH)
https://www.edu.gov.mb.ca/m12/ecole_sure/monagh/docs/guide.pdf

Des suggestions de livres et de lecture pour les élèves du secondaire et du collégial abordant les stéréotypes, l’intimidation, les réalités de la diversité sexuelle, de l’identité de genre ou de la transidentité.
http://www.colloquehomophobie.org/wp-content/uploads/2017/11/CSQDOC-_341563-v2-Liste_SECONDAIRE.pdf

https://curio.ca/fr/collection/lexperience-lgbtq-au-canada-acquis-et-defis-2482/

Dans les milieux de travail

De plus en plus d’employeurs canadiens cherchent à créer des environnements de travail plus sécuritaires et plus inclusifs, à optimiser le potentiel de leur personnel et à faire tomber les obstacles à l’emploi auxquels fait face la communauté LGBTQ2+ canadienne.

Selon Fierté au travail Canada

« La biphobie, l’homophobie et la transphobie existent encore sur le lieu de travail et elles demeurent sous-représentées dans les conversations sur l’inclusion et la diversité. Seulement 59 % des organisations transmettent des messages de fort leadership sur l’importance d’inclure des personnes LGBT parmi tous leurs employés en milieu de travail.
Pendant que… 

14 % des organisations considèrent la diversité inclusive des LGBT comme un savoir utile dans un rôle de gestion.

11 % des organisations offrent de la formation avancée à leurs employés en position de gestion sur les enjeux liés aux LGBT qui sont pertinents à leurs rôles.  

7% des organisations ont des attentes claires envers leur personnel de gestion afin de rendre disponibles des ressources et outils pour leurs employés LGBT»

Fierté au travail Canada mène des campagnes auprès d’employeurs pour les inciter à agir et les syndicats ont fait inscrire plusieurs dispositions dans des conventions collectives qui protègent les droits des travailleuses et travailleurs LGBT.

Des ressources mieux adaptées

Des services sociaux et de santé mieux adaptés aux réalités des minorités sexuelles

L’impact de l’homophobie et de la transphobie sur la santé des jeunes et la crise du sida ont mené à cette prise de conscience : les personnes de la minorité sexuelle et de genre font face à des problèmes de santé physique, mentale et sexuelle propres à leur identité sexuelle ou de genre. Elles sont plus touchées par des problèmes de santé mentale (anxiété, dépression, suicide), d’infections transmises sexuellement et certaines formes de cancer, tandis que les processus de transition des personnes transgenres requièrent des approches globales complexes.

Les organismes travaillent à améliorer l’adéquation des services aux besoins spécifiques de la minorité sexuelle et à réduire les obstacles liés aux attitudes négatives et au manque de connaissances des intervenants à propos de la santé des minorités sexuelles. Certaines lacunes des services de santé seraient liées à l’hétérosexisme.

Qu’est-ce que l’hétérosexisme?

« L’hétérosexisme réfère à l’affirmation de l’hétérosexualité comme norme sociale ou comme étant supérieure aux autres orientations sexuelles. Il découle de l’hétérosexisme des pratiques culturelles, sociales, légales et institutionnelles qui nient, ignorent, dénigrent ou stigmatisent toutes formes non hétérosexuelles de comportements, d’identités ou de relations. »

https://interligne.co/faq/quest-que-lheterosexisme/

La crise du sida au début des années 1980 a donné lieu à une grande mobilisation au Canada et dans le monde entier. Le nombre de personnes atteintes continue de progresser mais, selon l’Agence de la santé publique du Canada, le nombre de nouveaux cas et de décès est en baisse constante grâce aux traitements.


Source : https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/rapports-publications/releve-maladies-transmissibles-canada-rmtc/numero-mensuel/2017-43/rmtc-volume-43-12-7-decembre-2017/sida-canada-2016.html   

L’Association des psychiatres du Canada a publié un énoncé de principes afin de souligner la nécessité pour la profession de bien comprendre la situation et les besoins des personnes LGBTQ sur le plan de la santé mentale. Pour lire cet énoncé :
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4244882/

Le début de la fin des thérapies de conversion

Cette pratique controversée est basée sur une théorie voulant que les gens puissent changer d’orientation sexuelle de gaie à hétérosexuelle au moyen d’une thérapie. Les groupes de défense et de promotion de la santé ont récemment mis en doute cette théorie.

Mai 2015 – Manitoba devenait la première province à interdire la thérapie de conversion, tellement ridiculisée.

Juin 2015 – L’Ontario édictait la loi pour interdire la « thérapie de conversion » sur les enfants gais, lesbiennes, bisexuels et trans, interdisant aux médecins praticiens de facturer cela à l’Assurance-santé de l’Ontario.